La drogue, parlons en ... (1986)

La drogue, parlons en ...

 

La drogue est un fléau qu'il faut combattre. Cependant, il faut savoir ce que l'on veut combattre et délimiter avec une certaine précision le mal en question afin d'obtenir les résultats escomptés. Tout d'abord qu'est ce que la drogue ? Citons les différents type de drogues:

* Tabac et alcool en vente libre.

* Anxiolytiques sous prescription médicale.

* Drogues interdites que l'on peut diviser en deux groupes

* Drogue douce: hachisch, marijuana

* Drogue dure : cocaïne, LSD, opium etc...

C'est cette troisième catégorie qui est visée dans la lutte anti-drogue.On peut considérer trois différents moyen de lutter contre la drogue :
* Prohibition absolue de toute drogue: Les Etat Unis ont déjà essayé ce type de lutte. Résultat: échec complet car des réseaux de distribution parallèles se mirent en place et l'état américain dû bientôt abandonner cette lutte.
* Interdiction des drogues 'non traditionnelles' comme on l'envisage actuellement où c'est plus l'aspect non conformiste que la nocivité qui est pris en compte, ce qui fait plus penser à une chasse aux sorcières qu'à une lutte réfléchie.
* La troisième forme, qui serait peut être plus en rapport avec le bien être de l'Homme tel qu'est défini son objectif, serait de lutter contre les drogue les plus nocives.

Pourquoi l'Homme se drogue-t-il ?

La réponse est ouverte car chaque individu réagit en fonction de lui même et de son environnement. De nombreux dictons comme 'le vin réjouit le coeur de l'Homme' montrent bien à quel point, la drogue peut apporter où accompagner la joie dont il a tant besoin... Peut être que dans nos sociétés dites évoluées, l'individu n'a plus que cette ressource pour s'évader et oublier la contrainte qui pèse sur lui.Quant tous les cri, les S.O.S. restent sans réponse, que peut-on faire pour 'tenir le coup' ? Alors, ne faut-il laisser aux gens qu'une alternative, le risque de s'éclater sur un platane un samedi soir ou le psychiatre, ou bien permettre aux gens de s'endormir béatement en écoutant un bon disque ? Ce calumet de la paix qu'est un joint n'est certainement pas plus nocif que l'alcool ou les anxiolytiques. Nos voisins Néerlandais et Espagnols l'ont bien compris puisqu'ils tolèrent l'usage du hasch et de l'herbe dans leurs pays.Cela n'a pourtant pas entraîné une dégénérescence de leur peuple...D'ailleurs, si on regarde l'Histoire, qu'est-ce qui a détruit la civilisation des indiens d'Amérique qui fumaient abondamment, sinon le whisky?

Comment veut on faire comprendre aux jeunes qu'il ne faut pas prendre de hasch alors qu'il savent mieux que les adultes les effets de celui-ci et observent avec effarement les excès provoqués par l'alcool chez leurs parents! A l'heure où on veut leur donner plus de responsabilité et les éduquer en respectant leur personnalité, c'est tout de même un peu aberrant... Notre pays avait pourtant fait preuve de plus de discernement lorsque l'absinthe avait été interdite tout en laissant l'alcool en vente libre. A part quelques nostalgiques de Verlaine, qui en France boit encore de l'absinthe ? Pourquoi ne pas faire une lutte sélective du même type pour les drogues modernes ? Notre société avance vers la post industrialisation. Ces esclave du Taylorisme que furent les ouvriers sont de plus en plus remplacés par des robots que l'on a pas besoin d'abreuver d'alcool pour qu'ils aient le meilleur rendement possible et acceptent leur condition. Si l'on veut obtenir un résultat valable sans surcharger les structures psychiatrique par une abolition générale de toute les drogues, il faut donc cibler la lutte vers les drogues dures et adopter face au hasch et de l'herbe la même attitude qu'avec l'alcool.

Pourquoi ne pas s'inspirer des expériences voisines ?

Dans un premier temps, il faudrait autoriser la consommation de hasch et d'herbe, puis petit à petit développer la diffusion de cigarettes spéciales qui auraient certainement plus de succès que les GITANES blondes que l'on cherche à lancer à grand renfort de publicité. On pourrait de cette façon contrôler la qualité de ce qui est vendu dans notre pays et ne pas risquer comme en Espagne d'avoir de grandes chances d'acheter du henné ou de la cire à épiler teintée lorsque l'on s'adresse à un revendeur à la sauvette. Les taxes importantes que l'état ne manquerait pas d'imposer sur ces produits complèteraient celles récoltées sur le tabacs et l'alcool et seraient autant de ressources supplémentaire pour l'armement... contre les drogues dures et la maladie, et de toute façon mieux placées dans les caisses de l'état que dans la poche des dealers.

La lutte contre la drogue, si elle n'est plus le fait de quelques spécialistes mais une volonté nationale doit d'abord passer par une prise de conscience de sa réalité. Au besoin, les jeunes que l'on qualifie d'irresponsables sauront nous ouvrir les yeux sur les différentes facettes de ce mot vague qui regroupe des choses si différentes, à moins, bien sûr que nous soyons en mesure de les persuader de l'inutilité de la drogue dans une société de gens heureux où le jeune peut s'intégrer et profiter de l'exemple de ses aînés, sobres et bienveillant... Pour reprendre l'image du WC plongeoir du clip, si on globalisait toutes les drogues dans le mot d'ordre 'la drogue, c'est de la merde', on ne sortirait pas souvent des toilettes...

 

 

Rennes Octobre 1986 Bernard COUAPEL.

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